Dans le cadre de la préparation du colloque de Saint-Nazaire (28-29 novembre 2015)
« Déserteurs, mutins, antimilitaristes de tous les pays et de toutes les guerres, unissez-vous ! »
Et le soutien de la fédération 44 de la Libre Pensée
Le groupe de la Libre Pensée« Clémence Royer » vous invite à la projection du film
«20 000 moujiks sans importance» de Patrick Le Gall
Le vendredi 2 octobre 2015 à 20h30
Au Cinéma Lutétia, 18, rue des calvaires à Saint-Herblain.
La projection sera suivie d’un débat avec Eric Molodtzoff, petit-fils d’un mutin russe de la Courtine.
ENTRÉE LIBRE, mais participation volontaire aux frais de la soirée possible
Un pot de l’amitié conclura cette rencontre.
Un peu d’histoire :
Tout comme celle des soldats français fusillés pour l’exemple, l’histoire de la mutinerie des soldats russes en France en 1917, fait partie de ce que l’Histoire officielle à longtemps occulté.
Février 1916 : 20 000 soldats russes quittent leur pays pour venir combattre sur le front français contre l’armée allemande dans le cadre d’un accord passé entre le gouvernement français et le Tsar Nicolas II (échange de soldats contre des armes !)
Février 1917 : La révolution éclate en Russie et le Tsar abdique. Les soldats russes en France soumis à la discipline de l’ancien régime, exigent d’être traités dignement. Suivant l’exemple de leurs camarades restés en Russie, ils forment des conseils de soldats au sein même des unités françaises dans lesquelles ils avaient été intégrés.
Avril 1917 : offensive Nivelle dite du Chemin des Dames dans le département de l’Aisne. 200 000 soldats français sont tués en quelques jours dans cette horrible boucherie, de même que 4 000 soldats russes de la 1ère et de la 3 e brigade. Leurs camarades survivants protestent contre le commandement et exigent d’être rapatriés en Russie, ce qui leur est refusé.
1er mai 1917 : les soldats russes à Neufchâteau, dans les Vosges où ils ont été repliés, manifestent en arborant des oriflammes et des calicots sur lesquels il est écrit : « Vive les soviets des soldats, à bas la guerre ! ». L’état-major s’affolant à l’idée que la révolte des soldats russes puisse donner des idées aux soldats français, décide de les éloigner du front en les internant au camp militaire de La Courtine, dans la Creuse.
26 juin 1917 : arrivée à La Courtine des 10 300 soldats russes de la 1ère brigade. Ils se mutinent et, avec les délégués de leur soviet, refusent pendant trois mois de rendre leurs armes et d’obéir à leurs officiers.
16-18 septembre 1917 : 5 000 soldats de l’armée française, à l’aide d’unités restées fidèles au commandement russe, imposent la reddition des mutins après 3 jours de bombardements incessants du camp. Le bilan officiel de l’armée serait d’une dizaine de morts (!) et de soixante blessés. Les historiens ayant fait et publié des recherches estiment qu’il y a eu entre 200 et 600 tués !
Les autorités russes vont classer les mutins en 3 catégories selon leur engagement. Ceux qui sont jugés les plus coupables, 249 hommes, sont envoyés en détention au Fort Liédot sur l’Ile d’Aix, 300 autres seront internés au camp de Bourg-Lastic dans le Puy de Dôme.
Les autres soldats ont le choix entre s’engager dans la légion russe et continuer à combattre, ce qu’accepteront 1 300 d’entre eux, ou opter pour les compagnies de travail principalement dans l’est de la France, ce qui fut le cas de milliers d’autres.
Plus de 4 000 refusèrent ces deux engagements et furent envoyés aux travaux forcés en Algérie ou placés d’office dans des fermes pour remplacer les fellahs combattant en France.
C’est en 1919 que le gouvernement de Lénine organise le rapatriement de la plupart de ces ex-soldats russes dans leur pays natal qui est devenu l’URSS. Des centaines vont rester travailler en France, s’installer et fonder leurs familles.
La mutinerie et le soviet des soldats russes sur le sol français en 1917 ont écrit une des plus belles pages de l’histoire du pacifisme, de l’antimilitarisme et de l’Internationalisme des peuples.
Le 15 septembre 2012, suite à une souscription à l’initiative de la Fédération de la Creuse de la Libre Pensée, a été inauguré, dans le cimetière de La Courtine, un monument à la mémoire des 10 300 soldats russes qui ont été internés puis écrasés par les armes au camp.
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